Ceci est mon corps… donné pour vous. » Mais ton corps à toi, à qui et à quoi est-il donné?
Comment vais-je l’arracher à la mort?… Je parle d’abord, concrètement, d’un corps qui est là, dans un fauteuil, sur un lit, à table parfois, souvent douloureux, lumineux aussi… Un corps plus habité encore, plus vivant quand les souffles s’amenuisent et que je dois tendre l’oreille pour entendre la légèreté de leurs murmures.
Ce corps-là, je l’accompagne. N’est-ce pas chose précieuse déjà, puisque l’accompagnement au sens étymologique – cum pane – est un partage du pain ? Un viatique. Ceci est ton corps et je fais route avec lui.
Sur ce sentier au bord du précipice, chacun avance comme il peut. Pour ne pas tomber, j’ai ouvert un cahier et chaque soir, ou presque, j’y ai semé quelques cailloux dans le secret espoir de retrouver, plus tard, les traces de mon chemin.