La pandémie du covid a bousculé de nombreux repères mais elle a fait naître aussi de belles audaces et montré à quel point nous avions besoin de prophétisme. Et de jeter des ponts entre les générations.
Pour interroger cette brûlante actualité, le livre évoque d’abord deux figures fabuleuses : Élie et Qohélet.
Élie est un véritable personnage de roman d’une modernité sidérante. Son aventure, il y a trois mille ans, fait basculer le prophétisme. On pourrait presqu’intituler son histoire : « La conversion de l’intégriste » ! Car après avoir sauvagement combattu les mécréants au nom de sa vision d’un Dieu de pouvoir et de vengeance, il sera conduit à un retournement total pour rejoindre le Dieu de la miséricorde et des Béatitudes.
Ce parcours saisissant, Gabriel Ringlet le raconte sous forme romanesque en le reliant à un autre personnage biblique tout aussi décapant : Qohélet. Lui fait basculer la sagesse. On l’appellerait aujourd’hui un lanceur d’alerte ! Au 3ème siècle avant Jésus-Christ, cet homme libre ose mettre à nu la fugacité humaine dans un texte d’une telle modernité qu’on le croirait écrit en pleine pandémie. C’est lui qui, dans un poème bouleversant, dit à un jeune garçon : « Va où ton cœur te mène / où regardent tes yeux. »
Le dernier petit filleul de l’auteur s’appelle Élie. C’est d’abord pour lui qu’il a voulu revisiter l’histoire dont il porte le nom. Mais c’est aussi avec lui qu’il s’est promené des heures et des heures durant la pandémie, en ne mesurant pas, au départ, que du haut de ses deux ans, ce petit garçon allait l’aider à traverser des temps bouleversés en lui donnant, chaque jour, une leçon d’émerveillement.
Après avoir beaucoup écrit sur la fin de vie et sur la mort, Gabriel Ringlet nous offre ici un livre de naissance très personnel, attentif à la douceur d’un souffle ténu et soucieux de jeter un pont entre les âges. Un livre où l’auteur confie, contre tous les virus : « j’aimerais que personne sur terre n’arrive ou ne s’en aille sans avoir été blotti dans des bras secourables. »